LE CERCLE DE LECTURE
Peut-être aimeriez-vous partager avec d'autres vos impressions, vous enrichir mutuellement dans un esprit d'amicale convivialité ?
Le Cercle de Lecture réunit un groupe d’une dizaine de personnes autour d’un livre choisi d’un commun accord pour une discussion amicale, ouverte et tolérante. Un rapporteur désigné présente l'auteur et son livre puis anime les débats. Un compte-rendu est rédigé et diffusé aux membres du Cercle.
Les réunions ont lieu le troisième vendredi de chaque mois, au premier étage de la maison des associations de Crespières, de 17h30 à 19h.
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Prochaine réunion le 15 décembre 2023
"Veiller sur elle" de Jean-Baptiste Andrea
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Réunion du 17 novembre 2023
"Les abeilles grises" de Andreï Kourkov
Dans ce roman, AndreÏ Kourkov, écrivain ukrainien russophone, s’empare du conflit qui s’est installé en Ukraine mais d’abord au Donbass depuis 9 ans. Ce conte a fait l’unanimité parmi nous, il a été très apprécié.
Le cocasse y voisine le tragique, le merveilleux la cruauté. Et au milieu de ce grand drame collectif subsiste toujours un espoir, grâce à des personnages ordinaires mais emplis de bonté et d’un grand sens pratique.
La maison de l’apiculteur, héros du roman se situe en zone grise, c’est-à-dire entre les deux lignes de front : celle des séparatistes soutenus par la Russie et celle des Ukrainiens ; dans un petit village à l’église bombardée, abandonné de tous ses habitants, sauf deux, SergueÏ et son voisin, Pachka. Il n’y a plus d’électricité (et donc plus de télé), plus beaucoup de vivres. La vie est rude. Heureusement il y a le poêle à charbon et les cierges récupérés à l’église ,pour s'éclairer... La canonnade retentit régulièrement, il y a le risque des obus et des snipers.
Mais SergueÏ n’imagine pas de vivre ailleurs que chez lui, dans l’attente du moment où la paix reviendra, et dans celle du printemps qui lui permettra de sortir à nouveau ses ruches. Ses abeilles sont sa famille et sa raison de vivre.
Ainsi, à la fin du long hiver de neige et de froid, il charge ses ruches à l’arrière de sa vieille voiture (car il n’y a plus de cultures ni plus de fleurs à butiner dans cette zone de désolation qu’est la zone grise) et il s’engage dans un périple qui l’emmène bien plus loin que prévu.
Au passage des frontières et plus tard en Crimée, on ressent la surveillance étouffante des services de sécurité russes et l’oppression malsaine.
Sergueï est un homme simple, endurant et droit, toujours prêt à partager ce qu’il a, ne se souciant pas de géopolitique ou de grandes considérations. Mais il sait écouter ses semblables et boire (raisonnablement) la vodka qui donne mal à la tête.
Et il nous démontre à quel point les abeilles sont sages. Elles savent l’apaiser et le guérir de tous les maux.
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Réunion du 20 octobre 2023
"La Ligne de Nage" de Julie Otsuka
Ce livre a donné lieu à une discussion vive et passionnante car plusieurs personnes avaient préféré ne pas venir ayant jugé négativement ce récit d’une fin de vie de personne âgée atteinte d’une sorte d’Alzeimer.
La première partie nous fait vivre l’ordinaire d’une piscine fréquentée par des gens qui viennent nager très régulièrement. C’est un rituel sportif quasi religieux, vital pour ces habitués.
Il y a des changements constants de point de vue, on a l’impression d’en être, de faire partie de cette communauté et de glisser avec eux dans ces eaux salvatrices.
Le style très contemporain et cette belle écriture par petites touches nous rendent la vie d’Alice familière.
Une fois la piscine fermée définitivement à cause d’une fissure apparue dans son fond, Alice va continuer à nager dans sa vie suivante. Elle est apaisée, lucide et parfois drôle. « Ma voix spontanée est celle de l’humour » dit l’autrice.
C’est un roman sur la valeur et la beauté des routines banales qui façonnent nos journées et nos identités et sur la relation mère/fille.
La fissure apparaîtra inévitablement un jour pour nous aussi mais ce livre nous fait prendre notre mortalité d’une façon gracieuse et permet d’accepter la dépossession des capacités intellectuelles avec douceur, non sans une certaine mélancolie douloureuse et une grande émotion. Les dernières lignes sont bouleversantes et belles.
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Réunion du 22 septembre 2023
"La carte postale" de Anne Berest
Anne Berest a été l’invitée de La Grande Librairie d’Augustin Trapenard. Elle y dégageait une belle énergie spirituelle.
Son livre, " La Carte Postale", a été écrit parce qu’elle ressentait un besoin de transmission, un devoir de mémoire. Elle a reconstitué, aux cotés de sa mère, Lélia Picabia, l’histoire de ses aïeux morts en déportation, à partir d’une énigmatique carte postale.
C’est une histoire vraie, un récit en puzzle servi par une ample recherche documentaire et une véritable enquête.
Il nous conte la saga des Rabinovitch (de Moscou à Riga, à Lotz, à Haïfa puis à Paris) et tente de répondre à la question : qu’est-ce que ça signifie d’être juif quand on est laïc ?
Elle croit à la transmission de l’invisible, elle est l’autre génération, celle qui prend en charge la parole qui n’a pas été dite par Myriam, la survivante qui s’était murée dans le silence.
Le livre n’a pas été apprécié par tout le monde. Certaines avaient l’impression d’avoir déjà tout lu et entendu à propos de la Shoah. Et de manière plus puissante qu’ici.
D’autres, au contraire, en ont aimé la simplicité et l’objectivité sans pathos et sont allées avec bonheur jusqu’au bout des 560 pages !
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Réunion du 23 juin 2023
"Kukum" de Michel Jean
A travers ses souvenirs, Kukum nous invite à rencontrer la jeune Almanda qui, à tout juste 15 ans, épouse un amérindien innu. Elle quitte alors sa famille adoptive de fermiers pauvres récemment arrivés d’Europe pour embrasser la liberté ; elle apprend à vivre au rythme des saisons de chasse, à respecter les lois de la nature.
Amour, solidarité, empathie lui permettent de surpasser toutes les difficultés ; mais soudain le récit bascule lorsqu’elle décrit avec émotion l’irruption des bûcherons et des draveurs qui viennent entraver la transhumance hivernale. Se révèle alors l’histoire de ce territoire ancestral submergé par la construction des barrages hydrauliques, réduisant les communautés autochtones à une vie sédentaire, les condamnant à vivre dans les villes ou à demeurer dans les réserves avec pour seul exutoire l’alcool ou le casino.
Pire encore, elle dénonce l’arrachement des enfants à leurs familles pour les envoyer dans un pensionnat en vue d’une scolarisation et d’une assimilation plus qu’hypothétiques.
Kukum Almanda a lutté toute sa vie, mais elle a su garder blottis au fond de son coeur ses souvenirs merveilleux.
Elle les a partagés avec nous et nous avons aimé.